HS Détour n°6 : Vallemaggia

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Sur la via alta Vallemaggia, un petit air d'Himalaya

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Sur la via alta Vallemaggia, un petit air d'Himalaya


Crêtes rocheuses, arêtes herbeuses, éboulis immenses, lacs alpins, petits névés, prés fleuris, forêts de mélèzes, passages sécurisés par des chaînes... Long de 200 km, cet itinéraire est sans conteste l’un des plus beaux trekkings par étapes de Suisse. Récit.

La Via Alta Vallemaggia, qui fait le tour du Vallemaggia, l’une des vallées s’étendant au nord de Locarno, a dequoi ensorceler plus d’un amateur de randonnée au long cours. Par sa longueur d’abord, puisque depuis les paysages préalpins qui dominent le lac Majeur jusqu’aux territoires alpins sur les flancs du Basodino, avec ses deux variantes septentrionales, l’itinéraire couvre 200 km en 17 étapes. Mais aussi par sa technicité: alternant entre des sentiers blanc-rougeblanc et des tracés alpins balisés blanc-bleu-blanc, cette Via Alta présente des difficultés qui atteignent l’échelle T5–, une cotation synonyme de passages aussi spectaculaires qu’engagés, qui n’est pas à prendre à la légère. S’il est possible d’effectuer le parcours en une fois, la plupart préféreront le diviser en plusieurs tronçons.

CAP SUR CIMETTA

Posons tout de suite la question qui taraudera les puristes: faut-il partir du centre de Locarno à pied ou emprunter le téléphérique, le funiculaire puis le télésiège qui mènent directement à Cimetta, point de départ officiel de la Via Alta Vallemaggia? Pour notre part, nous avons choisi la deuxième option, désireux d’entrer le plus rapidement possible dans le vif du sujet. Cimetta porte bien son nom. Ce joli belv dère offre une vue grandiose sur le lac Majeur. Mais la brume qui nous enveloppe en quelques minutes nous rappelle bien vite que nous sommes désormais entrés dans le royaume de la montagne, même si les palmiers et les terrasses ensoleillées de Locarno ne sont qu’à une poignée de kilomètres. D’entrée, le sentier se raidit. Suivant des arêtes herbeuses, nous continuons de nous élever entre les nuées jusqu’à la Cima della Trosa surmontée d’une grande croix. La vue se dégage, offrant des coups d’oeil spectaculaires tantôt sur le Vallemaggia, tantôt sur la Valle Verzasca. Une marque blanc-bleu-blanc indique que nous empruntons désormais un
itinéraire de haute montagne et bientôt, un passage sécurisé avec des chaînes qui nécessite de poser les mains vient le confirmer. Ici comme plus loin, un pas sûr est de rigueur: la Via Alta Vallemaggia est réservée aux randonneurs expérimentés. Si vous souffrez de vertige, ce trekking n’est pas fait pour vous.

Au cours de la première étape, le sentier passe au pied d’un immense rocher qui semble avoir une figure humaine. La voyez-vous?

AVEC LES PAYSANS DE MONTAGNE

L’une des particularités qui fait le charme de la Via Alta Vallemaggia est de pouvoir séjourner sur des alpages tenus par des paysans de montagne, comme celui de Nimi qui accueille la cabane du même nom, où la plupart des randonneurs font halte la première nuit. Dès notre arrivée, nous sommes accueillis par le grand sourire de Pietro, tenant des lieux, qui gère la cabane en plus de s’occuper d’un troupeau de chèvres dont le lait sert à la fabrication de délicieuses tommes fraîches. Cet alpage, Pietro le connaît depuis l’enfance. Des années plus tard, il a eu l’opportunité de le reprendre et y accueille chaque été des marcheurs de tous les horizons. Attablés devant une planchette géante présentant un assortiment de charcuteries, de fromages et de légumes lactofermentés, nous échangeons avec les deux bénévoles qui le secondent au quotidien, tombés eux aussi sous le charme de ce lieu à l’écart de toute agitation, où la journée commence et se termine en suivant le cycle du soleil.

ENTRE CIEL ET TERRE

Le lendemain, après avoir bu le café et savouré quelques tartines de pain fait maison, nous remontons sur la crête pour continuer notre périple. Durant plusieurs heures, nous suivons le fil d’une arête qui s’étire à l’infini, entre ciel et terre. Le temps semble s’être arrêté et ne se ramène désormais plus qu’à une chose: monter, descendre, monter, descendre… Pris dans le rythme de la marche, nous en oublions
la faim. Nous passons le rempart rocheux de Madom da Sgiof puis le Passo Deva. Cette seconde étape est pimentée par un passage particulièrement raide, où des chaînes et des barreaux plantés dans la paroi pourraient presque donner l’impression d’être engagés sur une via ferrata. Comme de nombreux refuges le long de l’itinéraire, l’Alpe Masnée, où nous arrivons en début d’après-midi, n’est pas gardiennée. Aucun autre randonneur en vue, le hameau de maisons en pierre magnifiquement restauré est désert. Nous y savourons le calme de la fin de journée sans nous inquiéter pour le repas du soir, puisque grâce au travail de l’association Via Alta Vallemaggia, le garde-manger est régulièrement approvisionné en denrées de première nécessité telles que pâtes, riz, sauces et conserves qui permettent de faire le trekking sans devoir trop charger le sac de victuailles, hormis celles nécessaires pour les pique-niques.

BAIGNADE RAFRAÎCHISSANTE

La suite de l’itinéraire que nous abordons dès les premières lueurs de l’aube nous fait faire une brève incursion dans la Valle Verzasca, à la base du Pizzo Costisc. Passé le Poncione Piancascia, on descend jusqu’à la limite de la forêt pour traverser
ensuite plusieurs vallons. Nous profitons de remplir nos gourdes à l’Alpe Cuasca où nous rencontrons la seule fontaine de l’étape, puis nous nous dirigeons vers le Passo dei Due Laghi qui relie les vallées jumelles de Coglio et de Giumaglio. Ses deux lacs invitent à la baignade. Rafraîchis après quelques brasses dans l’eau froide, nous atteignons l’Alpe Spluga à temps pour admirer un magnifique coucher de soleil en buvant un thé chaud avant de sombrer dans un sommeil réparateur. Le lendemain, nous mettons le cap sur la cabane Tomeo. Cette étape nous donne du fil à retordre avec ses descentes vertigineuses dans des couloirs glissants et la traversée de pierriers instables qui se succèdent durant des heures. La crête de la Cima di Broglio, dont le franchissement implique quelques passages de grimpe facile sécurisés par des câbles métalliques, est assurément le plat de résistance de la journée. C’est donc avec soulagement que nous abordons la descente dans la Valle Tomè. La cabane, qui surplombe un lac en forme de goutte, donne l’impression d’arriver dans une oasis, un sentiment renforcé par la saveur des produits régionaux qui nous sont servis et l’accueil chaleureux des tenanciers qui nous reçoivent comme des amis.

Le balisage blanc-bleu-blanc indique que l’on se trouve sur un chemin de randonnée alpine. Ce qui implique de passer parfois par des pierriers et à travers des rochers, avec de courts passages d’escalade.

RETOUR À LA CIVILISATION

Rénovée de fond en comble il y a quelques années, la cabane Tomeo offre tout le confort d’une cabane 2.0, à commencer par des dortoirs lumineux qui proposent d’astucieuses solutions de rangement. Le lendemain, après un petit déjeuner pris sur la terrasse baignée de soleil, nous regardons avec envie les écriteaux qui montrent la direction de la Bassa di Partús. Mais hélas, notre aventure de presque une semaine sur la Via Alta Vallemaggia touche à sa fin. Nous arrivons au village de Broglio à l’heure la plus chaude de la journée. Une fontaine de forme rectangulaire nous fait de l’oeil. Sans réfléchir, nous y entrons tout habillés, à tour de rôle. Assis à l’ombre, nous séchons nos habits en nous remémorant les nombreux souvenirs glanés au fil des cinq premières étapes de cet itinéraire qui compte assurément parmi les plus beaux de Suisse. Il en reste douze pour terminer la boucle. C’est sûr, il faudra revenir!

Des cabanes permettent de se reposer entre les étapes, comme celle de l’Alpe Masnée, non gardiennée.

Attention à la sécurité

La Via Alta Vallemaggia est un itinéraire aussi beau qu’exigeant. Si, sur le papier, le dénivelé journalier n’est pas impressionnant pour un marcheur confirmé, le terrain est ardu. Pouvant atteindre la cotation T5- (le maximum étant T5), le trekking comporte de nombreux passages vertigineux, pour la plupart sécurisés par des barreaux métalliques ou des câbles. Néanmoins, une chute à certains endroits peut entraîner une conséquence fatale. Il est déconseillé de s’y aventurer avec des enfants, des chiens ou des personnes sujettes au vertige. L’orientation ne devrait pas poser de problème, l’itinéraire étant très bien balisé. Toutefois, par mauvaises conditions, avoir un GPS ou un smartphone avec la carte peut s’avérer utile. S’il est possible de se ravitailler dans certaines cabanes, la Via Alta Vallemaggia reste quasi toujours sur les hauteurs sans passer par des villages. Il faut donc s’assurer d’avoir assez de réserves alimentaires avant de s’engager sur l’étape suivante.

Les essentiels à emporter

  • Un sac léger
  • Des gourdes ou une poche à eau d’une contenance de 2 litres minimum
  • Une veste et un pantalon imperméables
  • Une polaire
  • Des vêtements de rechange
  • De quoi manger en chemin (barres, fruits secs, biscuits, chocolat, pain, viande séchée)
  • Un chargeur solaire ou une batterie externe pour recharger son portable
  • Des bâtons de marche télescopiques
  • Un GPS, un smartphone ou une carte pour l’itinéraire