DOSSIER
Un lopin, un jardinier, une recette!
Qu’ils maîtrisent parfaitement la rotation des cultures ou débutent dans l’art des semis, ces cinq jardiniers romands s’attachent à cultiver des fruits, légumes ou aromatiques qui se mangent. Une manière astucieuse de varier les plaisirs de la table ou simplement de conserver les récoltes estivales, pour faire durer le plaisir.
LA CUISINIÈRE EN SON JARDIN
Audrey enfile ses baskets sous la treille garnie de raisins. Elle nous guide sur le côté de la maison, acquise il y a un peu plus de deux ans. Avec son mari, elle y a installé des panneaux de coffrage remplis d’une couche de vieux bois et de terre pour y faire pousser ses légumes. «Ce n’est pas un jardin en permaculture, mais nous n’utilisons aucun traitement et prêtons attention au choix des graines et plantons en bio.» Tomates, salades, courges, carottes et poireaux… Le couple progresse dans l’apprentissage du jardinage au fil des saisons. «J’ai toujours vu faire ma mère, elle me donne aussi des conseils.» Cette année, Audrey a souhaité étaler les récoltes, d’où l’idée de semer des betteraves et autres légumes plus tardifs. «J’aimerais aussi cultiver d’anciennes variétés, comme des panais. J’ai reçu des topinambours, on verra s’ils sortent l’an prochain.» Sensibilisée aux produits locaux et de saison, la jeune maman souhaite le plus possible consommer sa propre production. «Et récolter ses légumes donne encore plus envie de cuisiner et tester de nouvelles recettes.»
ISABELLE CHAPPATTE
ET TÊTE-DE-MOINE
Pour 4 personnes
Ingrédients
Beurre
1 oignon haché
1 gousse d’ail pressée
400g de betteraves crues, râpées à la râpe à röstis
350g de riz pour risotto
2dl de vin rouge
8dl de bouillon de légumes
200g de tête-de-moine (corsée) en rosettes
1dl de crème
Poivre
PRÉPARATION EN TROIS ÉTAPES
Faire revenir brièvement dans le beurre l’oignon, l’ail et le riz jusqu’à ce que ce dernier devienne translucide. | Mouiller avec le vin rouge. Ajouter les betteraves et progressivement le bouillon. Cuire 20 à 25min à feu doux en remuant régulièrement. | Incorporer les rosettes de tête-de-moine, rectifier l’assaisonnement. Servir le risotto dans des assiettes creuses, décorer d’une rosette de tête-de-moine. |
À Fleurier (NE), Anne-Lise et Jean-Georges Borel cultivent un vrai jardin de cocagne. Fruits et légumes maison sont consommés durant tout l’été et permettent encore de faire quelques réserves au congélateur.
LA CUISINIÈRE EN SON JARDIN
Anne-Lise Borel nous accueille dans son charmant jardin de Fleurier (NE) en compagnie de son petit-fils Matteo. Passé le portail, nous longeons d’abord une belle plate-bande de rocaille agrémentant une coquette maisonnette construite en 1843 avant d’atteindre le potager, qui est plutôt le royaume de son mari, Jean-Georges. Autour de la serre qui abrite les tomates se blottissent de petits carreaux garnis de choux, fenouils, salades, céleris, poireaux et même des scorsonères! Passant sous un arceau garni de mûriers, on arrive sur une vaste terrasse. Au moment de notre visite, les arbres fruitiers ployaient sous les pommes et les coings alors que courgettes et potimarrons recouvraient un mur. «Lorsque nous avons acheté la maison en 1989, le talus était rempli d’orties. Nous l’avons peu à peu aménagé en érigeant des murets qui retiennent le terrain et accueillent des plantes vivaces.» Le jardin semble se perdre dans la forêt. D’ailleurs, chamois et renards s’y invitent parfois en voisins! Dans les plantations, c’est Anne- Lise qui veille aux plus petites bêtes et intervient, si nécessaire, avec savon noir ou bicarbonate.
MARJORIE BORN
Pour 4 personnes
Ingrédients
800g de potimarron
2 oignons rouges
2 œufs
5cs de farine de pois chiche
1 pincée de cumin en poudre
1cs de graines de cumin
4cc d’huile de tournesol
Poivre, sel
À accompagner d’un tartare de tomates fraîches et d’oignons rouges aromatisés au basilic.
PRÉPARATION EN TROIS ÉTAPES
Couper le potimarron en morceaux, enlever les graines, émincer les oignons, saler, poivrer. Cuire à feu très doux, environ 30min à couvert. Réduire cette purée avec une fourchette ou un mixer. | Ajouter les deux œufs lorsque la courge est froide, puis la farine et les épices. Disposer une feuille de papier sulfurisé sur une grande plaque allant au four. Huiler avec un pinceau, mettre la plaque dans le four à 200°C. | Lorsque l’huile est chaude, répartir de petits tas confectionnés avec une cuillère à soupe. Les tasser légèrement, les enduire sur le dessus, avec un pinceau, d’un peu d’huile chaude. Cuisson: 15min de chaque côté. |
Dominant la plaine de l’Orbe, le jardin de Cindy Guignard offre un splendide panorama sur le Jura. Au pied d’un pommier et d’un palmier, elle a remis en culture le potager de son grand-père Robert.
LA CUISINIÈRE EN SON JARDIN
À Chavornay (VD), chaque génération a apporté sa contribution au lieu. Le grand-papa, Roby, cultivait ici un grand jardin vivrier. Le papa, Gabriel, a construit les escaliers, la fontaine et les accès. Chaque printemps, il passe encore un coup de motoculteur. «La culture du potager, en revanche, a sauté une génération. Quand je m’y suis remise, les carreaux étaient en jachère!», raconte Cindy Guignard. Des cultures du grand-père, il ne reste aujourd’hui plus qu’un pied de vigne qui survit dans le talus, au milieu des cotonéasters. La jeune femme cultive désormais des légumes d’été et des aromatiques qui agrémentent ses petits plats. Aux classiques courgettes, fenouils, salades et tomates s’ajoutent des physalis ou des patates douces, au gré des tests menés par la jardinière. Comme le potager est très caillouteux, Cindy Guignard sème ses radis dans un cadre posé à même le sol et rempli de terreau. «Je fais de la permaculture malgré moi, un peu par flemme. Je plante, je sème et j’arrose, c’est tout. Je ne traite rien. Pousse ce qui pousse!»
MARJORIE BORN
Pour 8 à 10 bocaux de 220ml
Ingrédients
2kg de grosses courgettes vertes ou jaunes
2oignons
1cc de poivre en grains
60g de sel
4cs de curry
5dl de vinaigre de cidre
5dl d’eau
250g de sucre
PRÉPARATION EN TROIS ÉTAPES
Couper la courgette lavée et épépinée en dés d’environ 2cm et couper l’oignon en rondelles fines à la mandoline. Mélanger les courgettes, l’oignon et le sel dans un saladier. Puis couvrir et mettre au frais 24 heures. Le sel va faire «dégorger» les courgettes. | Vider le jus puis rincer le mélange courgettes-oignons et égoutter le tout. Préparer ensuite le sirop avec le vinaigre, la même quantité d’eau, le sucre, le poivre et le curry. Porter à ébullition, puis verser sur les courgettes. Laisser refroidir et mettre le saladier au frais toute une nuit. | Préparer des bocaux propres ou stérilisés. Porter les courgettes à ébullition dans le sirop pendant environ 5min. La courgette doit être encore croquante. Transférer le tout rapidement dans les bocaux. Fermer et laisser reposer deux à trois semaines avant de déguster. |
Aménagés sur un site lausannois historique, les jardins potagers de la campagne du Désert en ont fait un lieu convivial au charme unique. Blaise Guignard y gratte son lopin, avec bonheur.
LE PÂTISSIER EN SON JARDIN
Au XVIIIe siècle, longtemps avant d’être transformée en plantages urbains à l’orée des années 2000 par la ville de Lausanne, cette vaste terrasse avec son bassin circulaire servait de potager à la maison de Louis Constant de Rebecque, officier de carrière et père de l’écrivain Benjamin Constant. Avec la ferme et la maison de maître attenantes ainsi que le parc arboré et son étang aux nénuphars, le tout forme aujourd’hui encore un ensemble d’une harmonie à laquelle sont sensibles les habitants du quartier. Surtout ceux qui ont la chance d’y posséder une surface à cultiver, comme Blaise Guignard: «C’est mon père qui s’en occupait, précise le journaliste. Lorsqu’ils étaient petits, mes fils adoraient lui donner un coup de main durant les vacances scolaires. Aujourd’hui, on se partage le travail avec ma mère.» Sur 30 m2 de potager à disposition, la moitié environ accueille carottes, poireaux, courgettes, pommes de terre, salades et bien d’autres légumes, au gré de ce que la famille décide de cultiver. L’autre partie de la surface foisonne de fleurs vivaces et d’herbes aromatiques qui débordent de partout. «On ne parvient pas vraiment à suivre, mais on ne vise pas non plus un potager à la géométrie parfaite, souligne Blaise Guignard. En réalité, on y fait surtout pousser des souvenirs!»
CLÉMENT GRANDJEAN
TARTE À LA COURGE
Pour une tarte d’environ 30 cm de diamètre
Ingrédients
750g de courge pelée et coupée en morceaux
350g de pâte brisée
100g de sucre
1 œuf
1 sachet de sucre vanillé
1 orange
2dl de crème ou de demi-crème
1cc de cannelle moulue
1 pincée de sel
PRÉPARATION EN TROIS ÉTAPES
Verser la courge avec le sucre et le sucre vanillé dans une casserole, ajouter le jus de l’orange et cuire à feu doux en remuant de temps en temps, jusqu’à obtenir une marmelade légèrement caramélisée. | Retirer du feu et laisser tranquillement tiédir. Puis, incorporer la crème et l’œuf ainsi qu’une pincée de sel. Passer ensuite le tout au mixer. | Abaisser la pâte et en foncer un moule à tarte beurré et fariné. Piquer le fond, verser le mélange de courge et glisser au four préchauffé à 200°C durant 30 à 45 min. Laisser refroidir et saupoudrer de sucre glace. |
À Châtel-Saint-Denis (FR), Christelle Favre et sa famille cultivent un petit carré potager devant la terrasse de leur appartement. Salades, framboises et tomates ont ravi petits et grands, jusqu’à la toute fin de l’été!
LA CUISINIÈRE EN SON JARDIN
Qui a dit qu’il fallait disposer d’un grand terrain pour jardiner? Certainement pas Christelle Favre, qui a retourné au printemps dernier 2 m2 de gazon situé devant sa terrasse. Avec son mari et leurs enfants, cette psychologue habite dans un appartement situé au rez-de-chaussée d’une PPE, à Châtel-Saint-Denis. Bien décidée à disposer de son petit coin de jardin, elle a décidé de délimiter son carré potager avec quelques rehaussements en bois avant d’y intégrer du compost. Pour la première saison, Christelle a planté des tomates et des salades. Abritées de la fraîcheur et des vents, profitant de la chaleur engrangée par les murs des immeubles, les tomates cerises ont prospéré, devenant de véritables arbustes aux nombreuses ramifications. La récolte est abondante, mais tardive – on est quand même à 800 mètres. À la fin du mois de septembre, lorsque les tomates ne veulent définitivement plus rougir, il en reste une ribambelle de vertes. «On les marie à des poires, c’est de saison, pour en faire une exquise confiture maison!»
CLAIRE MULLER
CONFITURE DE TOMATE VERTES ET DE POIRES
Pour 6 pots de 350g environ
Ingrédients
1kg de tomates vertes
500g de poires bien fondantes
2 citrons dont on prélèvera le jus
1kg de sucre
1 gousse de vanille
PRÉPARATION EN TROIS ÉTAPES
Couper en quartiers les tomates vertes. Éplucher, épépiner et couper en lamelles les poires. Presser le citron pour en extraire le jus. | Verser tous les ingrédients dans la bassine à confiture sans oublier de fendre la gousse de vanille. À ébullition, laisser cuire 50 min à feu doux en remuant souvent. | Écumer. Enlever la gousse de vanille. Mixer pour supprimer tout reste de peau, relativement épaisse. Mettre en pot et fermer aussitôt. |