Edito
Pour nous autres Romands, la destination d’Ascona-Locarno aura toujours un parfum de vacances. À cette simple évocation, chacun s’imagine déjà en train de boire un espresso sur la Piazza Grande, de tremper les pieds dans le lac Majeur ou de se régaler d’un risotto crémeux accompagné d’un verre de merlot dans un grotto. Avec son climat méditerranéen, la région est une terre accueillante pour les touristes autant que pour les nombreuses plantes parfois exotiques qui s’épanouissent dans les parcs et jardins botaniques à foison. Originaire du Japon, le camélia – qui est fêté à Locarno chaque printemps – y a ainsi trouvé une deuxième patrie, à la faveur d’un destin étonnant que notre dessinateur relate dans un récit graphique aussi original que passionnant. Mais Locarno, ce n’est pas que la dolce vita à la tessinoise. Au-delà des palmiers, il y a aussi ces vallées montagneuses qui s’étendent vers le nord et dont on aperçoit les contreforts verdoyants. Depuis sa fondation au XIIe siècle, la ville a toujours entretenu avec elles d’étroites relations. Si elles ont souffert d’un fort exode de leurs populations au siècle dernier, les vallées du Locarnese connaissent aujourd’hui un regain d’intérêt qui ne fait que croître. Que ce soit le Val Verzasca, réputé pour sa rivière aux eaux émeraude, la paisible Valle Maggia, point de départ de spectaculaires randonnées en montagne, le sauvage Val Onsernone ou encore les sinueux Centovalli, toutes font le bonheur de visiteurs qui viennent parfois de loin pour les découvrir. Comme autant de branches d’un arbre généalogique, ces vallées plongent leurs ramifications dans un passé où la vie dans les villages était rude. Jusqu’au début du XXe siècle, les habitants tiraient l’essentiel de leur subsistance de l’élevage et de l’agriculture, activités modestes que l’hiver se chargeait de mettre entre parenthèses jusqu’au début de l’année suivante. De belles traditions liées à l’artisanat se sont développées au coin du feu, du tressage de la paille au travail de la laine. Autant d’éléments constitutifs de la richesse du patrimoine local, que des passionnés et de petits musées régionaux s’attachent à faire revivre. Durant plusieurs jours, nous sommes partis à la rencontre de personnalités emblématiques pour tenter de saisir, au travers de leurs parcours, ce qui fait l’identité de cette région si particulière. Nous avons accompagné l’un des derniers pêcheurs du lac Majeur, visité l’alpage tenu par un jeune couple de paysans de montagne ou encore poussé la porte d’un ancien moulin restauré grâce à un enseignant à la retraite qui a relancé une production oubliée de farine de maïs. De ces pérégrinations, nous avons ramené une moisson d’anecdotes, de récits et d’impressions qui donnent corps à ce cinquième numéro de Détour, le premier à faire une incursion en dehors des frontières romandes. Bonne lecture et… buon viaggio in Ticino!
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