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AVEC UN PEU DE SAVOIR-FAIRE, IL EST FACILE DE BINER SANS SE RUINER


Oubliez plantons et semis du commerce, outillage et matériel onéreux, variétés exotiques aux rendements maigrichons obtenus à grand renfort d’arrosage et de fertilisants: il est parfaitement possible de cultiver son lopin sans pour autant y consacrer un budget important. Et en découvrant en prime des pratiques et des astuces qui facilitent la vie au jardin.

A moins d’être un professionnel, la question de la rentabilité d’un carré de légumes, de salades ou de raisinets se pose rarement à qui aime gratter la terre et en récolter les fruits. Et celle de son coût ne semble guère plus pertinente. Pourtant, à la dimension de hobby gratifiant et au bonheur de déguster des délices qu’on a fait pousser soi-même peut facilement s’ajouter celle d’inscrire le jardinage dans une dynamique d’économie, pas seulement dans une perspective comptable, mais aussi pour se conformer à un idéal de durabilité. Une notion d’ailleurs aujourd’hui de plus en plus recherchée par les jardiniers amateurs.
Nul besoin de passer des heures à étudier des traités de jardinage: la plupart des économies réalisables entre les carreaux nécessitent simplement un peu de bon sens; les compétences techniques qu’ils peuvent requérir, toujours légères, sont accessibles à tous (et souvent abondamment décrites dans les revues spécialisées et les tutoriels disponibles sur le web).

 

LES CHAMPIONS DE LA PRODUCTIVITÉ

Un plantage avantageux commence par une sélection avisée des espèces qu’on va faire pousser. Si un sachet de graines ne vide pas la bourse du jardinier, certaines plantes s’avèrent particulièrement favorables en termes de rapport prix/effort/rendement.
Tomates, courgettes, épinards, radis, navets, bettes ou betteraves sont ainsi très productifs; de même, les haricots, les pois de toutes sortes et les salades diverses demandent relativement peu de travail et fournissent à foison leur quota de fibres et de vitamines. Même constat pour les petits fruits… à condition de ne pas se laisser déborder par leur abondance lorsque vient le moment d’en remplir les bidons.
Autres cracks de l’efficience, les herbes aromatiques. Vendus à prix d’or dans les supermarchés, persil, ciboulette, romarin, menthe, verveine, sauge et autres ont naturellement tendance à s’épanouir presque déraisonnablement au prix d’un effort qui se résume souvent à les planter… et à les rabattre pour contenir leur exubérance.

 

LES CANCRES PEU RENTABLES

En revanche, certains légumes ont tendance à occuper beaucoup de place pour de longues périodes, en fournissant à l’arrivée un volume parfois décevant. Pommes de terre, choux, oignons, échalotes ou ail ne devraient ainsi pas figurer en tête de liste du jardinier soucieux de rentabiliser l’espace à sa disposition – pas plus que carottes, panais, céleris, poireaux ou cucurbitacées… en dépit de l’aspect joyeusement décoratif de ces dernières.

 

DES SEMENCES MAISON

La graine, c’est l’élément essentiel d’une gestion horticole avisée! Qui plus est lorsqu’on décide de se passer du garden center pour devenir son propre fournisseur. Récolter ses propres semences en fin de saison pour les planter à nouveau l’année suivante, dans cette perspective, revient à disposer d’une matière première quasiment gratuite – au prix d’un petit investissement en temps et de quelques compétences à acquérir.

Toutes les plantes du jardin ne se prêtent pas de la même manière à la récolte de leurs graines: les autogames (haricots, laitues, pois ou tomates, par exemple) s’autopollinisent; leurs descendants conserveront donc toutes les qualités de leurs parents. Les allogames, en revanche (carottes, épinards, poireaux, choux, bettes, etc.), ont besoin du pollen d’un autre individu pour se reproduire; les différences entre générations peuvent donc être relativement importantes.
Enfin, certaines variétés vendues dans le commerce sont sélectionnées pour leur rendement, leurs qualités esthétiques ou gustatives, ou encore leur résistance aux maladies. Elles sont peu indiquées pour en récolter les graines: ces plantes, dites «hybrides F1», ne vont en effet pas transmettre leurs qualités de cette manière. Si l’on entend faire d’une graine deux coups, autant les éviter.

 

L’EAU, UNE RESSOURCE PRÉCIEUSE

Ouvrir un robinet, arroser abondamment: un réflexe à circonscrire soigneusement! Le maître mot est ici sobriété. La première règle à respecter: récupérer l’eau de pluie. Gratuite, non calcaire, non chlorée, elle a toutes les qualités. On peut la réserver en couplant un bac collecteur à une gouttière de maison. À vider avant les gelées – et à gérer avec une attention soutenue lors des périodes de fortes précipitations qui tendent à devenir la norme en fin d’été.
L’arrosage, lui-même, gagne à être parcimonieux. Plutôt qu’un petit volume quotidien, le jardin apprécie une irrigation plus rare, mais généreuse – à l’exception toutefois des jeunes pousses et des semis. Le volume idéal? Quinze litres par mètre carré.

 

PROTÉGER ET COUVRIR

Ajouter de l’eau, c’est bien – éviter qu’elle s’évapore à l’excès, c’est mieux. Le paillage est désormais recommandé en toute saison; paille de céréales, bois raméal fragmenté, copeaux, résidus de tonte ou de sarclage sont ainsi à poser sur les sols désherbés autour des jeunes pousses. Avantage supplémentaire: en se décomposant, ces restes végétaux vont apporter au sol des nutriments bienvenus.
Certaines fleurs, par ailleurs, sont plus sobres que d’autres. En les favorisant, on réduit d’autant la quantité d’eau à donner aux plates-bandes! Vivaces ou annuelles, il y en a pour tous les goûts dans les jardineries: roses trémières, belles-de-nuit, oeillets, iris… sans oublier les aromatiques méridionales comme la lavande, la verveine ou le thym, qui font en outre le bonheur des pollinisateurs.

DES SEMENCES MAISON

Il y a deux méthodes pour prélever les semences de légumes, la première étant de les extraire sans attendre qu’ils arrivent à maturité; entourées d’une pellicule humide, les graines doivent fermenter quelques jours, puis être bien rincées avant d’être mises à sécher. On peut également les prélever sur les légumes eux-mêmes séchés durant quelques semaines, avant de les trier et de les tamiser pour les débarrasser des diverses impuretés. Une fois récoltées, les semences doivent être conservées au sec, au frais et à l’abri de la lumière.

LE COMPOST, UN GAGNANT

Pour bien grandir, les plantes du jardin ont besoin de sols riches et vivants. Inutile (et dispendieux autant que peu écologique) de gaver ces derniers de préparations du commerce: la nature met tout à disposition, à commencer par ce qui retournera de toute façon à la terre – compost, fumier & Cie.
Le compost, c’est le petit plus du potager! Il permet de recycler les déchets végétaux de la maison et du jardin. La clé d’un bon compost tient à son équilibre entre le vert (épluchures, fleurs fanées, tontes, etc.) et le brun (résidus lignés et feuilles), finement débité, au sécateur ou mieux encore au broyeur. Le cocktail gagnant: ¼ de brun, ¾ de vert – bien aérer pour favoriser sa fermentation et entretenir l’humidité avant de s’en servir.

 

LES ENGRAIS VERTS

Autre formule avantageuse: semer à la volée des espèces ad hoc comme la moutarde, le seigle, la phacélie ou certaines légumineuses – puis les faucher et les laisser sur place. En se décomposant, elles vont alors libérer dans le sol l’azote obligeamment capté durant leur courte vie. Décoctions, infusions ou fermentations, les préparations à base de plantes comme l’ortie, la prêle, la consoude ou l’oseille permettent de stimuler sols et végétaux à peu de frais. Leur élaboration doit toutefois suivre un protocole strict pour en assurer l’efficacité (internet en regorge…). Par exemple la recette suivante, celle du fameux purin d’ortie: mettre à macérer 1 kg d’orties fraîches coupées grossièrement durant 5 à 10 jours dans 10 l d’eau de pluie, en brassant régulièrement; lorsqu’il n’y a plus de bulles à la surface, soutirer, filtrer et utiliser – toujours dilué.

 

UN OUTILLAGE RAISONNABLE

Nul besoin d’un arsenal occupant une halle agricole pour rendre le geste efficace: quelques outils bien choisis permettent de limiter l’investissement tout en faisant face à la quasi-totalité des situations. On en retiendra cinq dont il est difficile de se passer.
D’abord, une bêche s’impose, pour retourner la terre et creuser des trous capables d’accueillir arbustes, rosiers ou autres. Ensuite, une binette – à lame, à dents, plate ou pointue, elle est tout autant indispensable. Avec elle, on bine, on sarcle, on butte, on aère, on gratte… l’éventail de ses prestations est sans fin. En troisième place vient le râteau; loin de se limiter à ramasser les feuilles d’automne, un simple râteau rend lui aussi une belle variété de services. Il permet ainsi d’ameublir la terre, de l’égaliser, de la tasser, de rassembler feuilles, débris de désherbage ou de gravier, etc. Le transplantoir est encore un instrument indispensable: accroupi ou agenouillé, on manie cette petite pelle pointue pour creuser, butter, transvaser… Et si on l’égare souvent, sa couleur vive permet de le retrouver sans (trop de) peine. Dernière star de l’outillage, le sécateur. Comme en cuisine, une coupe nette est synonyme de travail propre et de rapidité. Autant opter pour un modèle de qualité et l’entretenir un minimum, plutôt que d’en racheter un au premier grincement.

 

Blaise Guignard