Portraits
PORTRAITS FLEURIS
Quatre Romands nous ouvrent les portes de leur petit paradis. Leur point commun? Toutes ces personnes portent une grande attention à l’esthétique de leur lopin de terre, dont elles forgent au quotidien le caractère unique. Rencontres entre arbustes et fleurs.
La perfectionniste qui murmure aux pétales des fleurs
Autodidacte pure souche, Anouk Marti n’a découvert les joies du jardinage qu’avec la pandémie. Depuis, pas un jour ne passe sans qu’elle ne choie ses petites protégées. Et dans son éden situé à Avry-devant-Pont (FR), vous ne trouverez aucune espèce traditionnelle.
«Lorsque nous avons acquis cette maison, mon compagnon et moi, je jardinais très peu. Nos priorités étaient ailleurs… Puis les années ont passé, le Covid est arrivé et le temps s’est arrêté.» Au printemps 2020, Anouk Marti met à profit cette «pause»; elle s’intéresse au jardin, consacre des heures à se documenter. Surtout, elle ressent une attirance particulière pour les fleurs. «Mais pas n’importe lesquelles! Vous ne verrez pas de dahlias ou de tagettes ici. Et aucun spécimen jaune, je déteste cette couleur!» Elle achète des baptisias et des agastaches, des pavots et des penstemons. Elle intègre des graminées et des roseaux de Chine, «dont l’élégance et la légèreté des plumets évoquent celles d’une danseuse de ballet». Et le parc arborisé de 1300 m2 se transforme peu à peu en un lieu empreint de poésie. Chez elle, tout semble pousser le plus naturellement du monde. «La chance du débutant…», glisse-t-elle. Chaque soir, Anouk fait le tour de son éden, parle à ses protégées, les admire. «Mon compagnon me dit parfois que je suis une contemplative… Mais aussi une horlogère du jardin parce que j’arrache méticuleusement tout ce que je considère comme étant une mauvaise herbe. Je ne me simplifie pas la tâche en étant si perfectionniste.»
LE GESTE
De mi-avril à fin mai, la Fribourgeoise remodèle ses plates-bandes, pour que tout soit parfaitement organisé. «Avec la nature, c’est quand même un sacré défi! L’été dernier, j’ai planté quatre sauges ‘Nuit de mai’ sur le même espace, j’en retire une que je vais offrir à l’une de mes filles.» Une achillée de couleur rouge foncé très intense la remplacera, amenant du pep là où le violet était trop présent aux yeux de la maîtresse des lieux.
UNE FLEUR
«À mes débuts, j’ai mis en terre ces astrances de la variété Astrantia major ‘Roma’ sur deux plates-bandes distinctes. Elles s’acclimatent plutôt bien chez moi, à 750 m d’altitude.» Avec leurs fleurs délicates et ravissantes, aux deux tons de rose, elles apportent incontestablement une touche de raffinement et d’élégance au jardin. Et une fois séchées, ses fleurs intègrent facilement de belles compositions florales.
Plein d’harmonie, son havre de paix fait voyager jusqu’en Asie.
Lové à l’abri des regards au coeur d’un quartier résidentiel d’Épalinges (VD), le jardin de Jean-Pierre Clavien est l’une de ces oasis où il fait bon déambuler durant des heures. Des centaines d’essences, évoquant de nombreux périples, s’épanouissent sur un terrain de 2000 m2.
Pénétrer dans l’univers de Jean-Pierre Clavien, c’est découvrir un jardin absolument extraordinaire de 2000 m2. Si les coins potager et agrément sont la chasse gardée de son épouse, Jean-Pierre, lui, orchestre toute la partie ornementale qu’il a entièrement remaniée. «Le terrain était légèrement en pente, j’en ai accentué l’effet en créant deux niveaux, construit des murs, aménagé des escaliers. Et les deux bassins, où s’épanouissent les nénuphars, communiquent entre eux par une petite cascade», détaille le Vaudois. L’espace, d’une infinie richesse, est empreint de souvenirs de voyages. À l’entrée, une superbe viorne de Chine semble tendre ses bras. lus loin, une arche couverte de clématites précède une plate-bande accueillant pavots, tulipes, jacinthes ou encore pivoines. «J’éprouve un amour fou pour elles. Je suis fasciné par leur beauté, leur diversité et leurs parfums.» Il y a encore une zone orientale et japonisante, véritable jardin des sens où le lilas des Indes, le bambou sacré ou l’hibiscus bordent un pavillon indien. «De janvier à décembre, j’aspire à ce que ce lieu soit beau. Je recherche le meilleur équilibre possible entre fleurs et végétaux.» Et ce ne sont pas moins de 500 essences différentes qui cohabitent harmonieusement!
LE GESTE
Un peu à l’écart, il est un coin que Jean-Pierre Clavien a affectueusement baptisé «nursery». C’est là, à proximité d’une petite fontaine, que le Vaudois prépare tous ses plantons. À l’image des acanthes, une plante vivace aussi majestueuse que vigoureuse, d’un entretien aisé. «Aux visiteurs de passage, il n’est pas rare que j’en offre quelques exemplaires. Ce geste simple est une manière de transmettre ma passion.»
UNE FLEUR
«Certaines de mes clématites sont fragiles, sensibles au froid, capricieuses. Il m’a fallu persévérer pendant près de dix ans avant d’obtenir d’aussi somptueuses floraisons!» Jean-Pierre Clavien s’enthousiasme lorsqu’il évoque ses protégées. La ‘Clématis Nelly Moser’‚ une variété ancienne particulièrement florifère, se révèle un peu plus facile d’entretien. Ce qu’elle aime? Le pied à l’ombre, la tête au soleil!