Portraits
Sa forêt nourricière foisonne au milieu d’un quartier résidentiel
Telle une oasis urbaine, le jardin du neurologue Reymond Sitthided, à Uvrier (VS), détonne au regard des pelouses fraîchement tondues alentour. Cet espace est pourtant à l’image de son propriétaire: il fait la part belle au lâcher-prise.
Les buttes de culture sont à peine visibles, lovées sous les arbres qui donnent la structure au sol et à l’espace. Le maître des lieux n’a jamais eu de plan défini: il lance les graines et regarde avec surprise surgir ce qui s’y plaît le mieux. «C’est la meilleure façon de faire avec ce que la terre recèle, pour que les plantes soient adaptées à l’endroit. Il ne faut pas contrarier ni forcer le sol. On perd de l’énergie à vouloir contrôler ce qu’on veut mettre.»
À la suite d’un burn-out professionnel, Reymond Sitthided a repensé toute sa vie et ses priorités. L’habitant d’Uvrier (VS) a entrepris cette aventure humaine avec sa femme et ses six enfants. Ici, le jardin est une école de vie, où l’on apprend l’acceptation, le respect de ce qui est, tout autant que le lien, la participation et l’échange. «On y croît autant que nos plantes, explique-t-il. J’ai pu expérimenter l’union qui fait la force, le partage avec le voisinage, et le bonheur de se rendre mutuellement service…» Abricots du Japon, reines-claudes, pommes de variétés anciennes, baies de Goji, tomates, groseilles, griottes, mirabelles, cerises, noisettes, figues, amélanches, mélisse, menthe, tournesol… Tout pousse, dans un pêle-mêle joyeux et vivant.
UN GESTE
Reymond Sitthided prend régulièrement le temps de marcher au sein de son royaume de verdure, les pieds ancrés dans la terre. Une façon de se ressourcer et de trouver un moment de repos dans sa vie bien remplie. «Je n’ai pas le temps de méditer sur ma chaise, alors je fais ça dans le jardin, en écoutant les oiseaux. C’est ma pause quotidienne.»
UN COMESTIBLE
Surnommé l’arbre aux oiseaux, l’amélanchier est un arbuste qui possède une grande résistance au froid et un feuillage automnal flamboyant. Son fruit, peu connu, est cependant comestible et fort apprécié des volatiles, ce qui lui a valu son nom. «C’est une baie délicieuse que les enfants adorent. On en a planté aux quatre coins du jardin.»