DOSSIER
DIX AMÉNAGEMENTS POUR CRÉER UN BIOTOPE FAVORABLE À LA FAUNE D’ICI
Suivez nos conseils pour donner littéralement vie à vos espaces verts. Quelques installations et un peu de désordre suffisent parfois à faire de vos plates-bandes et de votre gazon un endroit accueillant pour la faune et la flore locales.
BEAUTÉ TROMPEUSE
Au printemps, les jardineries regorgent de belles plantes. Mais il ne faut pas céder aveuglément à toutes les tentations, rappelle Pierre-André Magnin, de la Charte des jardins. Mieux vaut par exemple choisir un cerisier indigène que son cousin japonais aux multiples pétales affriolants. Si sa floraison est moins spectaculaire, cet arbre a le mérite de ne pas être stérile contrairement à de nombreux végétaux en vente libre dans les commerces. Il produira donc du pollen, du nectar et des fruits prisés par les animaux. Même ses noyaux réjouiront les mulots et les écureuils de passage dans votre jardin.
UN AMOUR DE LIERRE
On pourrait le croire indésirable, le lierre est pourtant le bienvenu au jardin. Grimpant le long des troncs, cette liane n’étouffe pas son hôte, même si elle est un signe de mauvaise santé de l’arbre en question. Ses fleurs et ses baies nourrissent les oiseaux et les insectes. «Créez une structure avec un silo à compost grillagé que vous aurez sculpté en pyramide par exemple, recommande Pierre-André Magnin. Remplissez-le de branchages et laissez la plante l’entourer pendant deux ou trois ans. Elle deviendra une cachette de choix pour les animaux.»
DE DÉLICIEUSES ORTIES
On n’aime pas beaucoup les voir dans son jardin, pourtant leur présence va de pair avec celle des plus beaux papillons de nos régions. Si vous souhaitez voir virevolter des paons du jour et des vulcains autour de votre maison, sacrifiez une partie de votre terrain ensoleillé pour laisser les orties y pousser. C’est leur menu préféré! En plus, vous pourrez aussi les déguster en soupe.
GAZON LIBRE
Vous rêvez d’une pelouse unie et coupée au cordeau? C’est une mauvaise idée: il est préférable de ne pas raser de trop près votre gazon ou à tout le moins de consacrer une partie de votre parcelle à une prairie fleurie pour que les insectes trouvent de quoi se sustenter. Abandonner idéalement une bande d’un mètre de large, en lisière de haie à la pousse de fleurs indigènes, sera bénéfique pour les abeilles sauvages. Vous pouvez aussi leur proposer le gîte en plus du couvert en installant un hôtel à insectes dans le secteur.
TAILLE À REPOUSSER
Ne soyez pas trop pressé de ressortir votre sécateur: tailler ses arbres entre les mois de mars et d’août est fortement déconseillé. À cette période de l’année, les oiseaux y trouvent refuge pour nicher. Couper des branches peut donc les rendre vulnérables, notamment aux attaques des chats du quartier, voire peut endommager leur nid. «Mieux vaut également éviter d’enlever des fleurs et les fruits lors de la taille, note Pierre-André Magnin. C’est autant de nourriture en devenir pour la faune.»
POINTS D’EAU VITAUX
Proposer des points d’eau est vital pour nos voisins sauvages, mais tout le monde ne peut pas creuser une mare au fond de son jardin. Une fontaine ou un simple bac à poser sur votre terrasse pendant les périodes de sécheresse peut aussi faire l’affaire. Les oiseaux, qui se baignent tous les jours pour nettoyer leurs plumes, seront ravis d’y plonger, les autres animaux pourront s’y abreuver et les escargots trouver l’humidité nécessaire à leur survie. Il faut toutefois faire en sorte que l’eau reste propre, quitte à la changer quotidiennement.
TENTONS LE LAND ART
Créer un espace sauvage dans son jardin ne signifie pas que le chaos envahira votre extérieur! Vous pouvez aménager votre environnement en laissant libre cours à votre sens esthétique, en vous inspirant par exemple de créations en land art. Plutôt que d’opter pour des gabions, composés de pierres rondes et parfois colorées artificiellement, préférez des galets naturels, emmagasinant les rayons du soleil pour créer des oeuvres d’art naturelles, voire en érigeant un mur en pierres sèches. Ils attireront les lézards et des insectes en tous genres.
AMBASSADEUR À PICS
Le hérisson est le symbole de la Charte des jardins, car, si cet animal y trouve refuge, d’autres espèces feront de même. Percez un passage, idéalement de 12 cm sur 12, à travers une haie ou un grillage pour lui permettre de cheminer à sa guise. C’est en effet un grand vagabond: il a besoin pour vivre d’un territoire d’environ un hectare. Il se déplace ainsi de propriété en propriété, passant la nuit dans cinq ou six lieux différents. L’hiver, le petit mammifère dispose aussi d’une hutte isolée des éléments.
DÉSORDRE BIENVENU
Au printemps, on a souvent envie de ranger son extérieur. Ce n’est cependant pas la bonne période pour enlever le tas de bois qui traîne au coin du potager depuis des mois. Il pourrait être en réalité habité! Des animaux, comme des hérissons ou des rouges-gorges (photo), y ont peut-être élu domicile pour passer l’hiver au chaud et à l’abri des regards. Mieux vaut attendre la fin de leur hibernation ou de leur nidification avant de ranger le tout. Voire patienter jusqu’au mois d’octobre avant de réaliser votre opération coup de balai. Les oiseaux auront entre-temps pu prendre leur envol.
ÉPINES PROTECTRICES
Si les haies de laurelles et de thuyas masquent à merveille la terrasse des voisins, elles ne sont de loin pas idéales pour la faune. Des aubépines ou des prunelliers sauvages (photo), épineux à souhait, dissuaderont les visiteurs de venir dans votre jardin. Leurs branches seront de plus prisées par les oiseaux, qui s’y sentiront en sécurité et pourront également déguster leurs fruits. Le troène, au feuillage résistant et aussi très mellifère, peut aussi leur servir de cachette en dissimulant votre logement une bonne partie de l’année.
