Cet été, cap sur les parcs suisses!

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Deux randonneurs dans le Parc naturel régional Gruyère Pays d’Enhaut.

CAP SUR LES PARCS NATURELS DE SUISSE!


Recelant bien des merveilles, ces espaces protégés qui occupent 12% de notre territoire sont à la fois les gardiens de la tradition, du patrimoine et de la biodiversité.

Alors que l’été s’installe, l’envie de prendre l’air se fait sentir. Et si, pour une fois, on laissait notre passeport à la maison pour partir à la découverte d’une Suisse plus sauvage? Du Jura vaudois à Schaffhouse en passant par le Haut-Valais et les Grisons, les parcs naturels suisses sont une destination qui mérite qu’on s’y intéresse.

Recouvrant plus de 12% du territoire, ces espaces protégés abritent des paysages de grande beauté, en plaine aussi bien qu’en montagne. Leurs sites naturels et architecturaux en font des but d’excursion prisés, qu’il est possible d’admirer à pied et à vélo, en famille ou en solo.

Leur nature préservée est certes un atout de poids, mais c’est loin d’être le seul. Leur fonction va bien au-delà de la simple carte postale. «Les parcs contribuent à la Stratégie Biodiversité de la Confédération puisqu’ils favorisent la diversité de la faune, de la flore et de leurs habitats», explique Simone Remund de l’Office fédéral de l’environnement.

Pont en pierre dans le Parc naturel du Val Calanca.

GARDIENS DE LA BIODIVERSITÉ

Il n’en a toutefois pas toujours été ainsi. Pendant près d’un siècle, le Parc national suisse (PNS) a fait figure d’exception, étant l’unique site protégé de Suisse en même temps que le seul espace de ce genre en Europe centrale. Depuis sa fondation en 1914, la nature s’y développe libre de toute intervention humaine. Avec ses 170km2, le PNS est la plus grande réserve naturelle du pays et la première à avoir vu le jour dans les Alpes.

Il a fallu attendre une modification de la loi sur la protection de la nature en 2007 pour que de nouveaux parcs voient le jour, avec des niveaux de protection variable (voir encadré ci-après). «Une quarantaine de régions se sont alors montrées intéressées à créer un parc sur leur territoire, relève Christian Stauffer, directeur du Réseau des parcs suisses. La moitié des projets a abouti.»

Leur rôle est aujourd’hui crucial pour préserver la biodiversité. Sur les 3600 espèces animales et végétales menacées recensées en Suisse, 2700 trouvent refuge dans les parcs suisses. Elles sont au cœur de l’attention des institutions, qui s’attellent à recréer pour elles des biotopes uniques. Ainsi, le Parc du Doubs est aux petits soins pour ses précieuses orchidées sabots de Vénus (Cypripedium calceolus) tandis que le Jurapark argovien bichonne les chauves-souris qui peuplent ses bois. Une faune et une flore exceptionnelles qui attirent chaque année des milliers de touristes et des spécialistes du monde entier.

Ces espaces protégés font l’objet d’importantes recherches. Le Parc national, où la présence humaine n’est tolérée que durant l’été, est particulièrement prisé. Des centaines d’études y ont déjà été menées, comme celle permettant de mesurer l’impact de la pollution sonore sur la faune. L’influence des parcs sur leur environnement ne s’applique pas qu’au domaine de la science. En dix ans, ils sont parvenus à améliorer significativement le développement durable régional, ont conclu des chercheurs, après s’être penchés sur le cas de trois parcs bernois – ceux du Chasseral, du Diemtigtal et du Gantrisch. Les habitants en sont les premiers bénéficiaires. Impliqués dans leur création dès le départ, ils en sont devenus les meilleurs ambassadeurs. Des communes riveraines souhaitent même aujourd’hui en faire partie. «Les parcs ont le vent en poupe, se réjouit Christian Stauffer. Les communes d’Évilard-Macolin et de Douanne-Daucher ont fait part de leur intérêt à rejoindre le Parc régional Chasseral, alors que celle de Safien, dans les Grisons, a intégré le Parc naturel Beverin.»

UN AVENIR À DESSINER

Cette année est cruciale pour de nombreux parcs, qui ont vu le jour il y a dix ans sous l’impulsion de citoyens. «Le moment est venu de tirer un premier bilan, confirme le directeur du Réseau suisse des parcs, Christoph Stauffer. Cette phase très intéressante consiste à mener des réflexions sur l’avenir de la région en incluant ses acteurs.» Une charte, fixant les objectifs pour les dix prochaines années, sera ensuite rédigée, puis soumise à l’approbation des entités concernées. «L’implication et le sentiment d’appartenance à une région sont un gage de succès», conclut Christoph Stauffer.

Chamanna Cluozza est située dans la vallée du même nom, au cœur du Parc national suisse.

DES PAYSAGES RÉVÉLATEURS

Entrer dans le périmètre d’un parc présente en effet de multiples avantages, comme celui de valoriser des paysages que l’on a parfois cessé d’admirer. À tort car arpenter les sentiers de randonnée peut révéler l’histoire d’une région. Dans la vallée de Binn, par exemple, la dispersion des granges-étables en madriers croisés sur les prairies rappelle aujourd’hui encore l’importance qu’avaient l’élevage ainsi que l’exploitation saisonnière du territoire pour nos ancêtres. Dans l’arc jurassien, les murs en pierres sèches jouent eux aussi un rôle similaire.

En préservant ce patrimoine, les parcs leur ont insufflé une seconde jeunesse. «L’une de leurs tâches primordiales est de sensibiliser les habitants aux richesses de leur région», confirme le directeur du Réseau des parcs suisses. La population en devient ainsi leur meilleure alliée. Le bois de résonance du Risoud s’est mué en une attraction phare du Parc Jura vaudois, tout comme le savoir-faire horloger qui contribue à la renommée de la Vallée dans le monde entier. «Le but des parcs est de soutenir le développement durable, donc l’économie locale et le savoir-faire des habitants, explique Marjorie Born, responsable communication du Parc Jura vaudois. On mise beaucoup sur la sensibilisation et la pédagogie pour y parvenir.»

OBJECTIF: SE FAIRE CONNAÎTRE

Après une décennie d’existence, les parcs doivent davantage se faire connaître. Ils proposent de plus en plus d’expériences et d’excursions inédites, rivalisant d’imagination pour mettre en lumière leur région. Les cyclistes peuvent ainsi arpenter la Route verte à vélo électrique, un itinéraire reliant six parcs régionaux du Jura vaudois à Schaffhouse. La Via Surprise, entre Soleure et Bâle, a été pensée pour séduire les amateurs d’histoire et de monastères. Les plus aventureux pourront parcourir la Via Sett, de Coire à Chiavenne (I), l’une des traversées alpines et des routes commerciales les plus importantes au temps des Romains. Quant aux familles en quête d’adrénaline, elles se glisseront dans la peau des contrebandiers franco-suisses, se laissant guider le long de la randonnée ludique que propose le Parc du Doubs. A moins d’opter pour une visite nocturne du parc du Gantrisch, premier parc aux étoiles de Suisse, pour observer la Voie lactée.

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La chapelle du Roc, entre Charmey et Jaun, dans le Parc naturel régional Gruyère Pays d’Enhaut.

CONQUÊTE PAR L’ESTOMAC

Cet été, les parcs espèrent tirer leur épingle du jeu en séduisant les Suisses qui ont choisi de rester au pays. «C’est une chance pour nous, confirme Liza Nicod du Réseau des parcs suisses. Les parcs cherchent certes à attirer plus de visiteurs, mais ils œuvrent surtout sur la durée. Il faut qu’ils saisissent cette opportunité pour  sensibiliser les touristes au développement durable.» Pour y parvenir, ils ont mis les petits plats dans les grands, en promouvant des spécialités plus alléchantes les unes que les autres. Fromages, charcuteries, confitures et pains spécialement labellisés se sont en effet multipliés ces dernières années dans les parcs, où l’agriculture occupe 38,5% des terres. En tout, plus de 1700 produits ont reçu la distinction «Parcs suisses». Pour assurer leur promotion, un marché leur est entièrement dédié chaque année à Berne. Les passants peuvent y déguster des capuns du Parc naturel Beverin, des saucisses à rôtir du Parc naturel de Schaffhouse ou encore savourer des glaces artisanales confectionnées avec le lait des vaches de l’Entlebuch ou de la liqueur de cerise argovienne.

Randonneurs à vélo près de Courtelary, dans le Parc naturel régional Chasseral.

Les mets locaux ont réussi à s’imposer dans les parcs également. Ils se retrouvent au centre d’itinéraires gourmands,  les FoodTrails, conçus comme des chasses au trésor. La résolution d’énigmes donne droit à des dégustations dont tout le monde sort gagnant, à commencer par les petits commerçants et producteurs.

Les retombées économiques pour les parcs sont en effet conséquentes. «En termes touristiques, ils apportent une valeur ajoutée considérable à leur région , précise Liza Nicod. Une vaste enquête menée en 2018 par l’École polytechnique fédérale de Zurich dans les parcs de la vallée de Binn, d’Ela, du Gantrisch et du Jura vaudois montre que la plus-value réalisée est jusqu’à six fois supérieure aux fonds investis dans ces entités par la Confédération, les cantons et les communes.» Hôtels, campings, restaurants mais aussi musées bénéficient de cette manne, renforçant encore le sentiment d’appartenance à une région. Ces particularités locales sont donc appelées à se développer.

DEGRÉS VARIABLES DE PROTECTION

La loi suisse prévoit quatre catégories de parcs: le Parc national suisse, les parcs nationaux de nouvelle génération (en projet), les parcs naturels régionaux et les parcs naturels périurbains. Tous ne bénéficient pas du même niveau de protection. Le Parc national est le plus sévère en la matière, ne tolérant les humains qu’en observateurs l’été. Elle est aussi importante dans les parcs naturels périurbains, où elle va de pair avec la sensibilisation de la population à l’environnement. Il y a moins de contraintes dans les parcs régionaux, davantage peuplés, où le développement économique est important.

UN POTENTIEL IMMENSE

De nouveaux parcs sont d’ailleurs en projet, dans le Valais romand notamment. Le Parc naturel régional Trient est en bonne voie de réalisation, comme celui de Rätikon, dans les Grisons. «Des communes nous sollicitent régulièrement pour connaître la marche à suivre, indique Christian Stauffer. Même si cela n’aboutit pas toujours, l’intérêt pour les parcs suisses est manifeste.» Le pays a d’ailleurs besoin de ces zones préservées s’il veut répondre à ses objectifs environnementaux. «La Suisse prévoit de rejoindre la stratégie internationale «30 by 30», qui prévoit que 30% de sa surface soit consacrée à la sauvegarde de la biodiversité d’ici à 2030», ajoute Liza Nicod. Le potentiel de développement des parcs est encore grand. «Aujourd’hui, seules 40% des personnes interrogées connaissent leur existence», précise Christian Stauffer.

Cet été particulier pourrait leur donner un coup de pouce inattendu, en faisant grimper leur notoriété en flèche. Découvrir un parc est, paraît-il, addictif: cela donne envie d’en visiter d’autres, que ce soit lors d’un week-end ou pendant une semaine entière. On parie qu’on y prendra goût?

 

TEXTE: CÉLINE DURUZ

PHOTOGRAPHIES: SUISSE TOURISME

+ D’INFOS: www.parks.swiss

QUESTIONS À…

CHRISTOPH GROSJEAN-SOMMER

RESPONSABLE DE LA COMMUNICATION PARCS SUISSES À L’OFFICE FÉDÉRAL DE L’ENVIRONNEMENT (OFEV)

 

Quelle place occupent les parcs d’importance nationale dans notre pays?

Ils jouent un rôle éminent à bien des égards. Caractéristique unique au monde, ils n’intègrent que des communes qui souhaitent réellement les rejoindre. Chaque parc possède un précieux capital de paysages, de zones protégées, de monuments culturels, de traditions. Ce socle lui permet de construire son avenir écologique, économique et social et de définir ses propres objectifs dans le cadre des possibilités légales. Au titre de régions modèles pour le développement durable, les parcs remplissent une fonction exemplaire pour d’autres régions.

 

Pourquoi les parcs ont-ils besoin de l’aide de l’État? Quel montant annuel l’OFEV leur verse-t-il?

En principe, les cantons achètent des prestations aux parcs. En vertu de la péréquation financière et de la répartition des tâches entre les cantons.et la Confédération, cette dernière finance au maximum la moitié des prestations. Cela représente entre 400’000 et 700’000 francs par parc et par an. L’autre moitié, voire beaucoup plus selon les cas, est apportée par le Canton, les communes du parc et des tiers.

 

Comment est née la collaboration entre l’OFEV et le Réseau des parcs suisses?

L’OFEV est le service compétent de la Confédération pour la mise en œuvre de la politique des parcs. L’ordonnance fédérale sur les parcs stipule que notre office leur attribue le label «Parc», soutient les cantons par des aides financières, est propriétaire de la marque «Parcs suisses» et en assure la promotion. L’OFEV doit aussi encourager la collaboration entre les parcs. Dans le cadre de contrats de prestations conclus avec le Réseau des parcs suisses, il a confié ces missions à cette organisation faîtière des parcs, et ce depuis sa fondation.

 

 PROPOS RECUEILLIS PAR JULIA SPAHR

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