Mobilité
BÂLE, UNE VILLE CONSACRÉE AU VÉLO
Grâce à une politique fermement engagée en faveur de la mobilité douce, la cité rhénane se profile aujourd’hui comme un exemple d’intégration de la bicyclette dans le tissu urbain. De quoi inspirer d’autres métropoles dans le pays.
Comment Bâle est devenue le royaume de la petite reine
Son réseau de pistes cyclables dense, ses nombreux parkings à vélos, mais surtout sa politique engagée en faveur d’une mobilité douce ont permis à la cité rhénane de s’imposer au fil des années comme l’une des premières villes cyclistes du pays.
Travailleurs, écoliers, retraités ou étudiants, les Bâlois sont nombreux à enfourcher leur bicyclette pour leurs trajets quotidiens. Plus de la moitié des ménages ne possèdent pas de voiture (contre 22% pour la moyenne nationale, selon l’Office fédéral de la statistique) et les habitants de la cité rhénane effectuent 17% de leurs déplacements à deux-roues. Des chiffres qui font de la troisième ville de Suisse l’une des premières agglomérations cyclistes du pays. Tandems, vélos musculaires ou électriques, en version cargo ou tractant une remorque pour enfants, on les croise tant au bord du Rhin que sur les grands axes routiers, le long des rues commerçantes et dans les quartiers résidentiels. «Dans une cité aussi dense que la nôtre, le vélo a toujours été le moyen le plus rapide pour se rendre d’un point A à un point B et notre politique en matière de déplacement se concentre depuis de nombreuses années sur des modes de transport moins polluants, peu encombrants et aussi silencieux que possible», analyse Nicole Ryf, du Département de la construction et des transports du canton de Bâle-Ville.
MISER SUR LE CONFORT ET LA SÉCURITÉ
«En 1988 déjà, un budget de plus de 25 millions était alloué dans le but de favoriser la pratique du vélo. Depuis, les autorités s’efforcent d’élargir continuellement le réseau cyclable et d’améliorer la sécurité routière pour les usagers en créant notamment des voies plus larges ou en supprimant les places de parc des véhicules motorisés le long des lignes de tramway, afin que les cyclistes puissent circuler plus librement. Enfin, nous menons différents projets pilotes, comme celui, par exemple, d’autoriser les cyclistes à tourner à droite au feu rouge», poursuit encore Nicole Ryf. La cité rhénane dispose ainsi de près de 60 kilomètres de pistes cyclables et compte un grand nombre de places de parc extérieures ou couvertes prévues pour les bicyclettes. En témoigne ce gigantesque parking souterrain payant réservé aux deux-roues situé dans la gare centrale des CFF et inauguré en 2002, ou encore cet autre emplacement à la gare Saint-Jean, doté également d’une station de gonflage et de rechargement pour les batteries électriques. Une offre plébiscitée essentiellement par les pendulaires et qui permet de protéger les engins des intempéries, mais aussi des vols, alors que chaque année la police bâloise enregistre entre 2000 et 3000 disparitions de vélos dont la majorité ne sont jamais restitués à leurs propriétaires.
OFFRES INCITATIVES
L’Office du tourisme de la ville encourage les visiteurs de passage à opter pour le vélo lors de leur séjour. La BaselCard offerte pour toute réservation hôtelière permet de louer un deux-roues électrique à la station RentaBike de la gare CFF (20 francs par jour). Des excursions accompagnées sont aussi organisées. Basel by Bike propose des itinéraires de 2 h pour découvrir les principaux centres d’intérêt de la cité rhénane et met à disposition des vélos et des casques.
www.basel.com ; www.baselbybike.ch
NOUVELLE DONNE POUR LES VOIES CYCLABLES
Les adeptes de la mobilité douce et de la petite reine peuvent se réjouir. La loi sur les pistes cyclables, qui avait été acceptée en 2018, est en effet entrée en vigueur en début d’année et elle devrait assez rapidement changer la donne. D’ici à 2027, la Confédération et les cantons sont donc désormais tenus de prévoir et réaliser des réseaux de voies cyclables «interconnectés, directs, sûrs, homogènes et attrayants», ainsi que des installations de stationnement. Quant aux organisations qui y travaillent déjà, comme Pro Vélo, elles seront associées aux futures planifications. Afin d’assurer une meilleure sécurité aux usagers, plus particulièrement aux carrefours et ronds-points, l’Office fédéral des routes a également lancé cette année des essais pilotes pour des voies cyclables prioritaires.
www.pro-velo.ch
CAMPAGNES DE PROMOTION
Fondée en 1975 et forte de près de 4000 membres, l’association Pro Vélo des deux Bâle (faîtière de défense des intérêts des cyclistes) est à la fois la plus ancienne et la plus grande des sections régionales. Elle est active dans plusieurs événements pour la promotion de la mobilité douce dans la cité rhénane, comme la Kidical Mass, parade cycliste familiale qui sillonne la ville, ou encore la traditionnelle foire du vélo (lire l’encadré). La section bâloise de Pro Vélo donne également des cours de sécurité routière – conduite de nuit, pour les enfants, les adultes ou encore les entreprises – et encadre les journées de nettoyage et réparation des deux-roues organisées par les associations de quartier. Depuis quelques années, la campagne Bike2School souhaite encourager les trajets à l’école à vélo en proposant aux élèves dès la quatrième année du cycle primaire un système de compétition sur quatre semaines où les meilleurs sont récompensés en fonction du nombre de kilomètres parcourus.
TRAFIC AUTOMOBILE EN BAISSE
De son côté, la Ville conduit elle aussi différentes actions incitatives, notamment durant la Semaine de la mobilité ainsi qu’à travers des subventions accordées pour l’achat de certains engins électriques et vélos cargos. Prisés des familles pour le transport des enfants, ces véhicules dotés d’une structure en dur à l’avant constituent en outre une alternative intéressante pour acheminer des marchandises et permettent de réduire les nuisances et le trafic dans les rues commerçantes. «La campagne «Work by Bike» a eu lieu à trois reprises et proposait aux PME de tester un vélo cargo pendant un an, puis de le racheter à un prix abordable si elles le souhaitaient. Cette action a été très bien accueillie et la quasi-totalité des participants ont souhaité conserver leur véhicule à l’issue du projet», s’enthousiasme Nicole Ryf. L’Office de la mobilité du canton révèle toutefois que 35% des Bâlois ne possèdent pas leur propre bicyclette, mais préfèrent recourir à la location. Pour faire face à la demande, l’offre de deux-roues électriques en libre-service se développe chaque année un peu plus. La plateforme carvelo2go, également présente en Suisse romande, dispose d’une vingtaine d’emplacements permettant de louer des cargos et, depuis l’automne 2022, quelque 350 stations proposent 2000 vélos musculaires ou électriques répartis dans toute la ville. Autant d’initiatives et d’incitations qui ont porté leurs fruits: les chiffres montrent en effet que les déplacements à deux-roues ont augmenté de 45% à Bâle depuis 2010, alors que dans le même temps le trafic automobile y a diminué d’environ 20%.
Aurélie Jaquet
+ D’INFOS www.basel-unterwegs.ch ;
www.provelo-beiderbasel.ch
LA PLUS GRANDE BOURSE AUX VÉLOS DU PAYS
Organisée tous les printemps – l’édition 2023 s’est tenue le 22 avril dernier – au Centre des congrès, Velomärt Basel, la traditionnelle bourse aux vélos de Bâle, réunit chaque année un public très nombreux. Il s’agit du plus grand et plus ancien marché du genre en Suisse, où se vendent et s’achètent environ 1000 cycles, cargos, tandems et trottinettes en une seule journée. On y trouve aussi bien des particuliers que des professionnels proposant des engins neufs ou d’occasion. Des spécialistes sont également présents pour dispenser des conseils aux amateurs. Velomärt Basel est un événement à but non lucratif organisé par Pro Vélo et l’association VCS, engagée dans la mobilité douce. Tous les bénéfices de la manifestation sont reversés à la promotion de la marche et du cyclisme dans les deux Bâle.
www.velomaert-basel.ch