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La pandémie a boosté les ventes de vélos électriques en Suisse, une tendance perceptible sur les chemins

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À pied dans les bois du Risoud

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À pied dans la réserve naturelle du Vanil-Noir

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Nous vous proposons de partir à la découverte des plus belles régions d’alpage de Suisse

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LES VÉLOS ÉLECTRIQUES À L’ASSAUT DES CHEMINS


Le développement spectaculaire du VTT électrique met à portée des cyclistes de tous niveaux des sentiers jusque-là réservés aux mollets les plus endurants. Pour le bonheur des pratiquants, mais aussi celui des destinations de montagne, dont certaines misent à fond sur une tendance assurément appelée à durer.

Les chiffres ont de quoi provoquer l’euphorie des commerçants spécialisés: en 2020, on n’a jamais autant vendu de vélos en Suisse. Plus d’un demi-million de deuxroues ont ainsi trouvé propriétaire (501 828 selon les données officielles de VeloSuisse, organe faîtier de la branche); parmi ces myriades de bécanes, un tiers environ de bicyclettes électriques (voir encadré ci-dessous) – et plus de 200 000 VTT, dont un gros tiers équipés d’un moteur et d’une batterie. À l’évidence, deux tendances fortes du marché du cycle se sont trouvées et confortées. «2019 avait déjà été une année record, mais la pandémie de coronavirus a visiblement encore accéléré cette tendance, commente Martin Blatter, directeur général de Velo- Suisse. Le confinement a limité les pratiques sportives à la randonnée, à la course à pied et au vélo, mais a également restreint les possibilités de vacances aux destinations intérieures, augmentant du même coup le budget alloué par les consommateurs. Certains ont redécouvert le vélo; la pratique familiale, entre autres, a acquis encore plus de popularité.»

LE CONFORT SANS LE POIDS

Si la tendance concerne tous les types de vélos, la progression la plus notable est bien celle du VTT électrique, confirme-t-il. Celle-ci n’est pas nécessairement imputable à des pratiquants réguliers de mountain bike tentés par un accès plus facile aux singletracks techniques et aux itinéraires ambitieux: «On évalue à 4 ou 5% la part des acheteurs de VTT électriques utilisant leur monture en offroad. Le phénomène est comparable à la vogue des SUV dans le marché de l’automobile: la grande majorité des gens qui optent pour ce type de véhicules restent sur les routes et chemins carrossables. » Martin Blatter y voit deux explications principales: d’une part, le goût particulier des Suisses pour le matériel haut de gamme et, d’autre part, le confort accru qu’offre un VTT électrique. «À l’échelle internationale, l’acheteur suisse est comparativement celui qui paie le prix moyen le plus élevé pour une bicyclette. Là encore, c’est comme pour la voiture: s’il en achète une petite, ce sera avec toutes les options». Mais surtout, avec ses suspensions et ses freins très performants, un mountain bike remplit tous les critères d’agrément. «Et avec l’assistance électrique, le poids (ndlr: 25 kg environ) n’est plus une variable à prendre en compte, souligne-t-il. En fait, les inconvénients traditionnels d’un VTT sorti de son biotope ne sont plus du tout perceptibles lorsqu’il est équipé d’une batterie.»

CHER MAIS DURABLE

Le prix, évidemment, s’en ressent. Car lesdits éléments de confort sont technologiquement complexes, autant que la partie transmission – aux dérailleurs classiques succèdent désormais les changements de vitesses électroniques – et bien sûr le moteur et la batterie qui sont les atouts principaux du vélo à assistance. Un surcoût que vient compenser, en tout cas partiellement, une durée de vie plus importante lorsqu’on tape dans le haut de gamme, relève Martin Blatter. «La longévité des grosses batteries, actuellement les plus demandées, est supérieure à celle des petites.» S’il est difficile à évaluer, le coût environnemental d’un vélo électrique de qualité reste très vraisemblablement en deçà des deuxroues bon marché produits en Chine, estime-t-il. À condition, évidemment, d’y accorder un minimum d’entretien. Celui-ci a aussi son prix. «Mais la technique évolue et simplifie les opérations de service, note Martin Blatter. Et les gens qui font un usage intensif de leur engin se chargent eux-mêmes de ce qui est possible. Par ailleurs, les vendeurs doivent rendre leurs clients attentifs à cet aspect des choses.» L’engouement pour le VTT, électrique et conventionnel, est comparable à celui du ski il y a quelques décennies. Et comme lui, il a entraîné la multiplication des offres spécifiques dans des stations qui y voient, à juste titre, le vecteur idéal pour booster le tourisme d’été – et par là rentabiliser des infrastructures coûteuses autant que rééquilibrer un tantinet du côté de l’été la balance saisonnière de l’hébergement. Verbier (VS), en particulier, mise depuis plusieurs années sur le deux-roues en développant un véritable domaine cyclable, avec des pistes réservées aux descendeurs et des itinéraires balisés pour les adeptes de la randonnée à pédales, pépère ou bien cassante comme certains la préfèrent. «On a d’abord développé notre réseau de pistes de descente, explique Nicolas Hale-Woods, directeur du Verbier E-Bike Festival et responsable du développement global de l’offre cyclable dans la station valaisanne. Désormais, on propose aussi des pistes d’enduro et de cross-country, qui s’étendent au-delà du domaine skiable proprement dit de Verbier.» Financée par la commune et par Téléverbier, une petite structure a été mise en place pour identifier tous les sentiers se prêtant au VTT électrique dans le val de Bagnes, d’en faire des itinéraires cohérents et d’en obtenir l’homologation. «C’est un énorme travail, car le nombre de pratiquants est encore appelé à augmenter, l’assistance électrique rendant le VTT accessible à 90% des gens», relève Nicolas Hale-Woods. Mais la mise en place d’une offre sur mesure pour pédaleurs ne se réduit pas aux itinéraires: «Il faut aussi faire évoluer les intrastructures, ainsi que tout l’environnement économique, technique et commercial de la station.»

ESSOR SPECTACULAIRE

II y a quinze ans, le vélo électrique était aussi innovant pour le monde cycliste que le Spaceship d’Elon Musk l’est pour le transport spatial – certes plus fiable, mais à peine plus répandu, avec moins de 1800 exemplaires vendus en Suisse sur toute l’année 2005. Soit un vélo à batterie pour… 153 bonnes vieilles bicyclettes à mollets! Sa progression, depuis lors, a été spectaculaire: jusqu’à 2010, le nombre d’e-bikes a quasiment doublé chaque année; cette année-là, plus d’un vélo sur dix était pourvu d’une assistance électrique. Et ça ne s’est pas arrêté en si bon chemin (cyclable): l’an dernier, il s’est vendu 171 132 vélos électriques… pour 330 696 vélos conventionnels. www.pro-velo.ch

UNE OFFRE SUR MESURE

«On a mis une vingtaine de bornes de recharge à disposition gratuite, aux quatre coins du Val de Bagnes, détaille Élise Farquet, responsable médias à Verbier Tourisme. Et neuf des hôtels de la station sont spécifiquement équipés pour accueillir les vététistes, avec des locaux sécurisés et des ateliers pour le petit entretien des vélos.» Ce développement inclut aussi tout un panel d’offres sur mesure pour les touristes en cuissard – 90 propositions gratuites à tous ceux qui séjournent une nuit dans un hôtel de Verbier, précise Élise Farquet. Il a aussi incité à mettre en place des cours de VTT, ouvrant un véritable marché du travail estival aux profs de ski; une formation pour les accompagnateurs et les guides est également en train d’être élaborée. Et pour accompagner ce qui est perçu comme un mouvement de fond, et pas juste une mode, la station organise depuis 2019 le Verbier E-Bike Festival. «Un outil marketing efficace pour toute la région», comme le relève son directeur, mais tout autant une porte d’entrée vers la pratique du VTT électrique: avec entre autres un bon millier de vélos en test et quatre parcours d’essais, la manifestation, dont la prochaine édition aura lieu du 12 au 15 août, «permet à tous, même les non-sportifs, de se faire leur idée et d’orienter ultérieurement leur choix d’un vélo et d’un type de pratique», synthétise Nicolas Hale-Woods. Sur la lancée, Verbier a également inscrit au calendrier des week-ends de randonnée thématique à deux roues; surtout, elle exporte désormais son image de pionnier de l’e-bike en créant cette année l’E-Bike World Tour: trois événements coordonnées mêlant compétition et marketing, l’un sur le plateau bagnard, un autre à Flachen (Autriche) et le dernier à Tignes dans le Val-d’Isère (France).

QUESTIONS À… NICOLAS WÜTHRICH

RESPONSABLE DE LA COMMUNICATION EN ROMANDIE, PRO NATURA

Le développement du VTT électrique est-il problématique pour l’environnement?

La présence de cyclistes hors des sentiers battus n’est pas en soi nouvelle. Mais la vitesse plus élevée du VTT électrique introduit une nouvelle variable: l’élément de surprise pour la faune. Ce que vit le piéton dépassé à toute allure par un vététiste qu’il n’a pas entendu venir, les animaux sauvages y sont eux aussi potentiellement exposés, avec des conséquences éventuellement dommageables pour eux.

La mise en place de sites et de tracés réservés n’apporte-t-elle pas une solution à cette problématique?

En fait, à terme, le gros souci qui se profile est justement la multiplication de ce genre d’infrastructures dans les sites naturels, les stations souhaitant d’abord séparer les flux entre types d’usagers.

Mais le fait que les gens viennent plus dans la nature, c’est positif, non?

Bien sûr, c’est réjouissant que les gens aient cette envie… Mais consommer la nature à grande vitesse n’est peut-être pas la meilleure manière d’en profiter! Et on peut se demander si l’évolution va se poursuivre dans cette direction: après le VTT électrique, la moto, le quad électrique? Pour nous, les sports mécanisés n’ont de façon générale pas leur place dans les sites naturels.

TOUS TYPES D’USAGERS

Proposer une offre adaptée au VTT électrique n’est toutefois pas l’apanage exclusif des destinations entendant se profiler au sommet de ce nouveau marché touristique. À la Vallée de Joux (VD), la demande pour ce type de loisirs a repris l’ascenseur il y a deux ans, après une relative stagnation durant quatre saisons. Là aussi, le tout terrain à batterie a relancé la machine: «Les usagers peuvent aller plus loin, plus haut, plus vite, plus longtemps», résume Cédric Paillard, directeur de Vallée de Joux Tourisme Moins spécialisée que Verbier, la Vallée attire plutôt des excursionnistes venus de l’arc lémanique ou des Suisses allemands en villégiature de quelques jours. Elle n’en met pas moins à jour son offre: «On a consolidé nos circuits classiques de VTT, qui sont homologués et référencés sur SuisseMobile, précise Cédric Paillard. Avec deux boucles de 35 km combinables, on se profile déjà comme une destination sur ce créneau. Et la location de e-VTT est possible à l’office du tourisme, mais aussi à la gare du Sentier ainsi qu’au Col du Mollendruz. Nous allons aussi très probablement nous équiper en points de recharge supplémentaires. » Comme à Verbier, les hôteliers ont été sensibilisés à la nécessité de prévoir des locaux sécurisés pour les précieuses bécanes des visiteurs de la Vallée. Cela dit, dans le Jura comme dans les Alpes, la présence accrue de cyclistes sur des chemins un peu plus exigeants qu’une piste obligeamment tracée sur le bitume pose également de nouvelles contraintes. S’il estime que le niveau moyen des pratiquants du VTT est plus élevé que pour le ski, Nicolas Hale-Woods admet que la sensibilisation technique ne fait pas encore l’objet d’une offre distincte. «Elle se fait essentiellement lors de la prise en mains au magasin ou au service de location, relatet- il. Les commerces spécialisés peuvent répondre à toutes les questions; beaucoup d’entre eux peuvent d’ailleurs orienter leurs clients vers des guides ou accompagnateurs avec lesquels ils travaillent en partenariat.» Le balisage clair et intuitif – bleu, rouge ou noir en fonction des niveaux de difficulté, comme pour le ski – est évidemment la mesure la plus efficace pour diriger les vététistes vers une pratique adaptée à leurs capacités, relève encore Nicolas Hale-Woods. La mesure est tout autant un élément permettant une cohabitation harmonieuse entre usagers – cyclistes et piétons. Car cette dernière problématique a évidemment pris une importance accrue.

POUR UNE BONNE COHABITATION

«C’est un peu à l’image de la mixité entre randonneurs à peau de phoque et skieurs, considère le directeur du Verbier E-Bike Festival. Il faut l’organiser, la cadrer, la communiquer! Le traçage de pistes et de sentiers réservés à l’une ou l’autre pratique en est une des solutions, mais aujourd’hui, les vélos sont autorisés sur tous les chemins pédestres, sauf règlements locaux particuliers, par exemple le long de certains bisses.» Une situation qui requiert la mise en place de règles et d’une signalétique ad hoc – priorité aux piétons et basse vitesse lors des croisements ou dépassements étant la base. «Ça paraît étonnant, mais ça change tout, et dans 95% des cas, la rencontre se passe très bien», rassure Nicolas Hale-Woods. Les pratiquants de VTT électrique euxmêmes se montrent ouverts à appliquer de telles règles, observe de son côté Cédric Paillard à la vallée de Joux. «Et nos itinéraires passent volontairement sur des sentiers peu fréquentés pour éviter autant que
possible les problèmes, notamment dans des segments de descente où certains se laissent tenter par la vitesse.» Reste que la présence accrue de vététistes, même courtois et attentifs, signifie aussi un impact potentiel plus élevé sur la nature, les forêts autant que les zones cultivées et pâturées. Dans son travail de prospection pour élargir la carte cyclable du Val de Bagnes, PromoBike consacre une part non négligeable de ses ressources à régler le problème en amont. «Cela implique une énorme concertation avec les propriétaires, le canton, les communes, les consortages, les organisations de protection de l’environnement, énumère Nicolas Hale-Woods. Un gros travail administratif bien plus complexe que ce qui a accompagné en son temps le développement des domaines skiables. On avance aussi rapidement que possible, mais en moyenne, on doit tabler sur sept ans entre l’idée d’une nouvelle piste et son inauguration. Et certains projets n’aboutissent finalement pas.» Pour précautionneuse qu’elle soit, la mise en place de parcours dédiés ne résout pas tous les problèmes d’impact sur les sites naturels, observe-t-on par ailleurs chez Pro Natura (voir encadré). «Augmenter la fréquentation, c’est augmenter la pression sur la faune, résume Nicolas Wüthrich, responsable de l’information en Suisse romande de l’organisation de protection de l’environnement. Dans certains spots très prisés des vététistes, on a atteint une limite. La solution réside dans le dialogue, afin de trouver les zones les plus aptes à la cohabitation.» Un dialogue qui est sans doute appelé à s’intensifier dans les années à venir, mais aussi à s’étendre aux destinations de plaine. Car au boom du VTT et du VTT électrique pourrait bien s’ajouter prochainement celui du gravel, nouvelle tendance débarquant des Pays-Bas: le successeur du cyclo-cross, mais en version grand public (contrairement à cette dernière pratique, restée confidentielle en dehors de la compétition). Un cadre de course avec son cintre caractéristique en cornes inversées, mais des freins à disque hydrauliques et des pneus à profil permettant de dévorer sentiers et chemins forestiers autant que segments goudronnés. «C’est la prochaine tendance forte», prédit Martin Blatter à VeloSuisse. Et devinez quoi, le gravel est disponible en version mécanique et électrique… Avec notre passion atavique pour le «matos» et le bon air, le nouveau venu risque fort de cartonner – et de se multiplier.

Blaise Guignard

DE NOUVEAUX ITINÉRAIRES OFFROAD

Partenaire privilégié de Suisse Tourisme, le site SuisseMobile propose des dizaines d’itinéraires cyclables sur toute la Suisse, classés par région, niveau de difficulté et bien sûr catégorie – route ou VTT. Ce dernier segment (organisé selon la systématique de SuisseMobile en itinéraires nationaux, régionaux et locaux, autrement dit de la sortie de quelques heures à la randonnée de plusieurs jours) a logiquement connu une forte progression calquée sur celle de la pratique du mountain bike. Une dizaine de nouvelles propositions balisées sont venues s’ajouter au répertoire en 2021, principalement dans le Haut-Valais et au Tessin. Le site permet également de sélectionner des itinéraires orientés vers le singletrack ou au contraire très accessibles aux débutants, voire spécifiquement prévus pour le VTT  électrique. www.schweizmobil.ch/fr/suisse-a-vtt