Le claquement des sabots sur le bitume résonne dans le silence. Entre les grands épicéas, les rayons du soleil jouent avec une légère brume matinale qui flotte encore dans l’air. Confortablement calés dans d’imposantes selles à l’américaine, nous nous laissons bercer par le mouvement de nos montures qui progressent dans les pâturages. La route oblique vers le fond d’un vallon où clapote un filet d’eau. Les chevaux le suivent d’un pas tranquille, nous emportant vers une épaisse forêt de conifères qui épouse les douces courbes de ce coin de Jura. Puis ils lèvent une oreille attentive lorsque nous les dirigeons vers une bordure herbeuse. Ils ont parfaitement compris le message et il est à peine besoin de les encourager de la voix qu’ils piquent déjà un petit trot dans l’air frais.

PRÉPARATION RIGOUREUSE

Tout a commencé une heure plus tôt à peine, dans la cour de la ferme des Cufattes, à deux pas de Saignelégier (JU), tandis que nous faisions connaissance avec nos montures au cours de l’indispensable séance de pansage. Une robe baie luisante aux reflets grenat, une crinière coupée en brosse, une silhouette tout en rondeurs posée sur de solides jambes chaussées de noir, un oeil brillant et une large liste blanche courant de la pointe du nez à la naissance du toupet: pas de doute, ce sont bien de dignes représentants de la race ancestrale des Franches-Montagnes. Ils ont été élevés ici même par la famille Rais, qui propose mille activités liées à cet animal réputé pour son caractère. Il y a les balades, bien sûr, la fameuse calèche à fondue ou les sorties en traîneau durant l’hiver. Sans oublier le spectacle favori de Gaby Rais, le maître des lieux: il ne se fait jamais prier pour mettre son chapeau de cow-boy et partir à l’attaque du petit train des Chemins de fer du Jura dans une cavalcade digne d’un western.

PISTES RÉSERVÉES AUX CHEVAUX

Aujourd’hui, nous avons opté pour un programme plus sage, une simple randonnée à la découverte du réseau équestre de la région. Et avec près de 700 kilomètres de pistes balisées sur le territoire des cantons de Berne et du Jura, il y a de quoi faire. Justement, voici l’un des panneaux frappés d’un fer à cheval qui indique le chemin à suivre. Quelques dizaines de mètres plus loin, les arbres s’écartent et nous débouchons sur un plateau baigné de soleil. Un portail nous barre le chemin. Heureusement, comme la plupart des barrières de la région, il est conçu pour être ouvert sans même descendre de sa selle. Placer son cheval juste à côté, se pencher, faire pivoter l’installation, se faufiler dans le passage, la chorégraphie devient de plus en plus fluide à mesure que les portails se succèdent.